Points clés :
- Une formation en train de cinq coureurs réduit la traînée à seulement 24 % (soit une réduction de 76 %) pour le leader protégé
- Une formation en losange de quatre coureurs réduit la traînée à 38 % (soit une réduction de 62 %)
- Une formation en triangle inversé de trois coureurs réduit la traînée à 40 % (soit une réduction de 60 %)
Paris, le 21 juillet 2025 – De nouvelles recherches menées par l’Université Heriot-Watt et Ansys, désormais une entité de Synopsys, montrent à quel point la configuration des équipes influence l’efficacité aérodynamique des cyclistes du Tour de France, et ont un impact déterminant sur les économies d’énergie et les résultats de course. Sous la direction du professeur Bert Blocken, les chercheurs ont utilisé les solutions de simulation de dynamique des fluides (CFD) d’Ansys pour analyser comment différentes formations peuvent réduire la traînée aérodynamique du leader. Un levier tactique essentiel dans une course de plus de 3 000 kilomètres, marquée par des ascensions éprouvantes dans les Pyrénées et les Alpes.
Alors que le cyclisme professionnel intègre des méthodes d’entraînement et des équipements toujours plus sophistiqués, la compréhension de l’aérodynamique devient cruciale pour rester compétitif. Cette recherche apporte une validation scientifique aux stratégies de courses utilisées de manière intuitive par les équipes depuis des années. Dans le contexte de l’édition 2025, où la gestion de l’énergie est plus décisive que jamais, ces données pourraient transformer la manière dont les équipes abordent les moments clés du Tour.
Une étude stratégique des formations
« L’objectif principal est de minimiser l’effort du leader pour lui permettre de conserver un maximum d’énergie pour la suite de la course », explique le professeur Blocken. « Selon la configuration de course, un ou plusieurs coéquipiers seront mobilisés pour protéger au maximum le leader du vent et ainsi réduire sa traînée. »
L’étude s’est appuyée sur un modèle cycliste haute fidélité et la technologie de simulation CFD avancée d’Ansys, pour analyser les flux d’air dans des formations de trois, quatre et cinq coureurs. Les résultats fournissent des indications claires et chiffrées sur les formations les plus efficaces pour économiser l’énergie. Des informations que les équipes peuvent utiliser pour affiner leur stratégie le jour de la course.
« Nous liguons la technologie de l’ingénierie aérospatiale au Tour de France pour aider les athlètes à mieux exploiter leurs compétences », commente Thierry Marchal, directeur des programmes industriels chez Ansys. « Intégrer l’IA et la simulation numérique dans des sports populaires comme le cyclisme est également une excellente façon de montrer l’importance de la modélisation et de la simulation auprès du grand public, en expliquant la physique de manière simple et ludique. »
Résultats sur l’efficacité des formations
L’étude montre que, dans une formation de trois coureurs en triangle inversé, le coureur protégé bénéficie d’une réduction de traînée de 60 % par rapport à une position isolée. En ajoutant un quatrième coureur pour former un losange, cette réduction atteint 62 %, tout en diminuant également la traînée subie par les équipiers. L’ensemble de la formation devient alors plus efficace.
La configuration la plus favorable pour le leader est la formation en train, avec deux duos de coéquipiers côte à côte devant lui. Cette stratégie réduit la traînée de 76 %, grâce à l’implication de quatre coureurs pour le protéger.
Frédéric Grappe, directeur de la performance et de l’innovation chez l’Équipe Groupama-FDJ, explique les implications concrètes :
« Le nombre de coéquipiers nécessaires et la configuration adoptée pour réduire l’effort du leader sans compromettre le reste de l’équipe, dépendent toujours de la situation de course en temps réel. L’objectif est de ramener le leader dans le groupe en réduisant l’effort au maximum et en évitant les accélérations, qui sont très énergivores. »
« Cette étude examine de nombreuses configurations et quantifie les avantages de chacune en l’absence de vent latéral, de vent de face ou de vent arrière. Bien que d’autres paramètres, comme la morphologie des coureurs ou la présence de véhicules, entrent aussi en jeu, cette analyse fournit des informations précieuses à discuter avec l’équipe avant la course pour définir les meilleures tactiques », conclut Grappe.