Paris, 23 avril 2025 – Longtemps considérés comme de simples marchandises, les éléphants d’Asie ont traversé une histoire marquée par de nombreuses épreuves. Afin de préserver leur mémoire, le Musée d’Histoire naturelle & Vivarium de Tournai, en Belgique, a fait appel à une équipe de designer pour numériser l’un d’entre eux à l’aide de scanners 3D.

Une histoire aussi tragique que fascinante

Au début du XIXᵉ siècle, l’éléphante Miss Djeck a été expédiée en Europe en tant qu’animal de foire. Elle est rapidement devenue une attraction lors des défilés et spectacles, une popularité qui s’est étendue sur plus de trois décennies. Cependant, lors d’une exposition en Suisse, épuisée par les voyages, Miss Djeck a saisi violemment un ecclésiastique par la taille. Jugée dangereuse, elle a été enfermée dans une fosse. En tentant de s’en échapper, elle a blessé treize personnes et tué trois de ses gardiens avant d’être capturée et abattue. Après ces événements, son corps a été dispersé et sa peau conservée dans un cabinet de taxidermie à Paris. C’est là que Barthélémy Dumortier, l’un des fondateurs du Musée d’Histoire naturelle & Vivarium de Tournai a pu l’acquérir et l’exposer.

Aujourd’hui, le designer Nicolas Vaczi a trouvé un moyen de la faire revivre. À l’aide d’Artec Leo, il a transformé son corps en modèle 3D, composé du montage de la peau et d’un squelette d’éléphant plus jeune, afin que les visiteurs puissent s’instruire et s’émerveiller.

Une numérisation pour perpétuer la mémoire

Grâce à son écran intégré et à sa conception sans fil, Artec Leo a permis de capturer rapidement et avec précision la structure osseuse de l’animal, tout en garantissant des résultats complets et détaillé.

« Le scan a été très facile, car les os ne sont pas trop petits et nous avons pu détecter toutes les fines fissures de la peau », explique Lucas Terrana, impliqué dans le projet. « Avec Artec Leo, nous avons également pu diviser le projet en plusieurs parties, en scannant séparément le tronc, la tête, les pattes et le dos, afin d’obtenir une capture de texture d’une qualité optimale. »

Après avoir numérisé la peau et le squelette de l’éléphant, Nicolas Vaczi a créé des modèles d’organes internes. Toutefois, comme il était impossible de scanner ces tissus, il a dû les dessiner, obtenant ainsi des résultats très réalistes à partir des informations récoltées au cours de ses recherches.

Le processus de modélisation a été réalisé à l’aide du logiciel de capture et de traitement de données 3D, Artec Studio. Une fois le modèle 3D finalisé, Nicolas Vaczi a utilisé un outil de sculpture avancé pour peaufiner son travail et l’animer. Ce travail a permis la mise en place d’une exposition interactive sur écran tactile au Musée d’Histoire naturelle & Vivarium de Tournai, faisant revivre l’histoire de Miss Djeck.

« Dans cette application, les visiteurs peuvent modifier la peau de l’éléphant, observer ses organes internes en transparence et cliquer pour afficher des informations complémentaires », ajoute M. Terrana. « Pour l’instant, il s’agit d’une version bêta, mais nous espérons l’enrichir avec plus de détails et d’interactions afin de captiver davantage le public. »

Un avenir prometteur pour le scan 3D des animaux

Le Musée d’Histoire naturelle & Vivarium de Tournai ne compte pas s’arrêter là et ambitionne de créer de nouveaux modèles d’espèces disparues.

« Nous aimerions scanner certaines des pièces les plus rares de notre collection », explique M. Terrana. « Nous possédons des animaux qui ont disparu à l’état sauvage et pourrions concevoir un magazine numérique interactif, où les utilisateurs pourraient faire défiler des images et en apprendre davantage sur ces espèces. »

Pour numériser ces animaux, beaucoup plus petits, le musée a fait appel à un autre scanner Artec 3D : Artec Space Spider. Bien que moins polyvalent que l’Artec Leo, ce scanner utilise la technologie à lumière bleue, qui permet de capturer avec une précision exceptionnelle les moindres détails et ainsi créer de véritables jumeaux numériques.

Cette initiative illustre comment les technologies de pointe peuvent être mises au service de l’enseignement traditionnel, offrant aux jeunes générations un moyen immersif de se familiariser avec l’histoire naturelle et les enjeux écologiques contemporains.